Longtemps restées focalisées sur le montant du loyer et le choix du véhicule, les entreprises sont devenues très attentives aux services que peuvent leur apporter les prestataires de la place pour les accompagner dans une gestion optimisée de leur parc, générer de nouvelles économies, renforcer la sécurité de leurs collaborateurs ou encore mettre en place de bonnes pratiques.
Tous les acteurs du marché de l’automobile s’accordent à dire qu’une mutation s’opère actuellement sur leur secteur. Si les entreprises restent vigilantes au montant du loyer et au choix des véhicules, elles sont désormais de plus en plus attentives à tous les services propres à les accompagner dans une optimisation durable de la gestion de leur flotte automobile et de leur TCO. «Les besoins des entreprises s’articulent aujourd’hui essentiellement autour de la mobilité continue et de la limitation des risques de pertes d’exploitation en cas d’immobilisation du véhicule, explique Matthieu Blaise, manager chez Cristal Décisions en charge de l’équipe flotte automobile. Elles veulent également davantage de reporting consolidé et de visibilité sur les coûts. Enfin, elles entendent se focaliser sur l’optimisation des usages et des coûts.» Autant de besoins face auxquels les prestataires de l’automobile s’attachent à répondre, notamment en renforçant leurs services ou en développant de nouvelles offres.
Les services de plus en plus plébiscités
Ainsi, selon une étude Syndicat national des loueurs de véhicules longue durée (SNLVLD), 92 % des loueurs constatent que leurs clients sont demandeurs de toujours plus de services variés, pourvu que leurs coûts n’impactent pas trop le montant des contrats. En termes de souscriptions, la pénétration des services dits «classiques» reste stable à 67 % et en augmentation pour 33 % des répondants. Parmi les «classiques», l’entretien demeure le service le plus plébiscité, devant le véhicule de remplacement ou encore l’assurance.«Ces services classiques sont assez stables mais cela bouge dès lors que nous considérons ceux sur lesquels le comportement de l’utilisateur peut avoir un impact comme l’assurance ou la location en moyenne durée, deux services de plus en plus demandés, note Frédéric Taillardat, directeur marketing au sein du groupe Parcours.
Les nouveaux services les plus demandés concernent l’accompagnement du conducteur, les nouvelles technologies ainsi que la gestion des amendes. Les technologies embarquées sont ainsi les services «stars» de ces nouveautés, suivies par les services favorisant globalement la mobilité, dont la location moyenne durée, l’autopartage ou encore le crédit mobilité. «Si les services classiques se maintiennent, nous voyons néanmoins apparaître de nouvelles prestations comme la gestion des amendes ou les services d’applications mobiles, constatait il y a quelques mois Jean-François Chenal, d’ALD Automotive. Nous sentons également un intérêt grandissant pour les services que nous développons à l’usage des conducteurs.»
Le conseil, un service sur mesure
Que ce soit pour mettre en place une car policy, optimiser la gestion de leurs flottes automobile ou encore améliorer le comportement de conduite de leurs collaborateurs, les gestionnaires de parc s’appuient ainsi de plus en plus sur les conseils de leurs prestataires. Loueurs longue durée ou fleet managers peuvent en effet les accompagner dans la segmentation des utilisateurs par catégorie ou par métier, la mise en place d’un catalogue de véhicules, la sélection des fournisseurs (constructeurs, pétroliers, assureurs, réseau d’entretien, etc.) ou encore dans la négociation des contrats.
En termes de services, ces prestataires peuvent également assurer la gestion de tout ou partie de la flotte, pour le compte de l’entreprise. Les gestionnaires de flotte ont par exemple la possibilité de leur confier la vérification des factures, la consolidation des données, la gestion des amendes et des relations fournisseurs ou encore l’identification de nouveaux leviers d’économies. En effet, si 45 % des coûts d’un véhicule sont liés à son achat, 55 % sont inhérents à sa détention. Pour réduire les coûts, il est donc important d’agir sur ces deux postes.
Les services liés à l’autopartage se développent
Parmi les services prodigués par ces prestataires externes, l’un des plus importants repose sur l’analyse des usages des véhicules en parc. Sur la base de cette analyse et pour garantir la mobilité des collaborateurs, certains leur conseillent de mettre en place des solutions d’autopartage. Ces dernières ont en effet tout pour plaire aux gestionnaires de flottes soucieux d’optimiser leurs coûts et de réduire leur empreinte carbone. D’ailleurs, une récente étude de Frost & Sullivan estimait ainsi que le nombre de véhicules partagés dans les entreprises européennes devrait passer de 1 900 en 2013 à 85 000 en 2020. En France, certains groupes, à l’image d’Accenture, de SFR ou encore d’Orange ont d’ailleurs déjà mis en place des pools de véhicules en autopartage.
Chez SFR, le service de véhicule en autopartage a été mis en place en 2013 avec la mise à disposition de 42 Mini Countryman pour les collaborateurs franciliens répartis aujourd’hui sur trois sites (Saint-Denis, Meudon, Nanterre). Gage de l’intérêt de l’opérateur et de ses collaborateurs pour cette prestation, le nombre de véhicules en autopartage ne cesse, chez cet opérateur, de se développer.
Pour répondre à ces besoins, les loueurs longue durée, à l’instar d’Alphabet, ALD, Automotive ou Arval, proposent désormais ce type de prestations. Ils rejoignent sur ce marché des acteurs historiques tels que notamment Ubeeqo ou encore Koolicar. «L’autopartage ne se limite d’ailleurs pas uniquement aux véhicules, souligne à ce sujet François-Xavier Castille, président du SNLVLD et directeur général d’Arval France. Il peut également porter sur, par exemple, des deux roues.»Cette prestation peut aussi être associée à d’autres services favorisant la mobilité des collaborateurs, tels que le crédit mobilité.
Avec ce dernier, le collaborateur peut choisir d’abandonner son véhicule de fonction pour bénéficier en échange d’un véhicule en autopartage le soir et les week-ends, et d’une enveloppe budgétaire qui lui permettra de financer ses déplacements personnels en train, location ou taxi.
De la longue à la moyenne durée : les loueurs adaptent leurs prestations
Avec l’évolution du marché du travail et la multiplication des contrats sur des durées raccourcies, les entreprises ont par ailleurs besoin de davantage de souplesse dans les solutions de financement que ce que leur proposent les loueurs. D’autant plus que la législation impose aujourd’hui de proposer les mêmes avantages à tous les collaborateurs de postes équivalents, qu’ils soient par exemple en CDI ou en CDD. Cela inclut notamment un véhicule semblable. «Les véhicules en location moyenne durée (LMD) sont ainsi principalement attribués aux salariés en CDD, intérimaires, stagiaires ou collaborateurs en période d’essai, poursuit François-Xavier Castille. Ils répondent également aux besoins des entreprises ayant des activités saisonnières ou des missions ponctuelles à remplir telles que les SSII.»
Avec la location moyenne durée, les entreprises ont l’opportunité de mettre à la disposition de leurs collaborateurs un véhicule en moins de 48 heures. La LMD n’impose par ailleurs aucune durée d’engagement, permettant ainsi la restitution du véhicule à tout moment, sans être pénalisé financièrement car le contrat est ajusté en fonction de la durée réelle d’utilisation. Dans la mesure où le montant des loyers de LMD tendent à rejoindre ceux de LDD, et qu’en intégrant une proportion de LMD dans sa flotte, l’entreprise limite le risque de pénalités dues lorsqu’elle est contrainte de restituer un véhicule loué en LDD, de nombreux gestionnaires examinent aujourd’hui avec attention cette solution… «D’autant que les avantages de la LMD ne s’arrêtent pas à ces seules considérations tarifaires et à cette flexibilité contractuelle, poursuit François-Xavier Castille. Ils s’étendent aussi à la palette de services proposés dans le cadre des contrats en LMD.» Alors que la demande des entreprises pour la LMD tend à se développer, les loueurs longue durée structurent, depuis quelques années, leur offre en la matière. C’est notamment le cas d’Arval, de LeasePlan, d’Alphabet ou encore d’ALD Automative ou du groupe Parcours.
La gestion des amendes s’externalise de plus en plus
Parallèlement, la gestion des contraventions devient une problématique importante pour les entreprises.«La gestion des amendes peut occuper jusqu’à 20 % du temps d’un gestionnaire de flotte, souligne Matthieu Blaise. En effet, la généralisation des PV électroniques, pour excès de vitesse ou défaut de stationnement, a considérablement accru le nombre d’amendes à traiter pour les entreprises.» Une inflation qui donc encourage actuellement l’amélioration du traitement administratif des contraventions, dont le coût peut varier entre 5 et 100 euros par PV et qui renforce également la nécessité de mener un travail de prévention auprès des conducteurs. Or, grâce aux conventions signées avec l’Agence nationale du traitement automatisé des infractions (ANTAI), les étapes de saisie et d’envoi de courriers peuvent désormais être automatisées.
Dans le droit fil de cette évolution, certains loueurs à l’instar d’ALD Automotive ou de LeasePlan, mais également des sociétés spécialisées dans le conseil en gestion de flotte, comme ERCG, proposent de nouveaux services de gestion externalisés de ces amendes. «Nous automatisons complètement le processus en enregistrant les collaborateurs à qui sont affectés les véhicules, explique Edouard Rance. Le système informatique effectue la requête en exonération sans aucune intervention humaine. Nous incitons d’ailleurs nos clients à procéder systématiquement à des requêtes en exonération, ce qui nous permet d’automatiser le processus et de diminuer le coût de traitement des amendes.»
De telles solutions répondent aux attentes des sociétés en quête d’économies, de temps sur le règlement des contraventions. La gestion optimisée des amendes n’est cependant pas une fin en soi. Les entreprises ont également la possibilité d’agir pour en réduire le volume, notamment en renforçant leurs démarches de prévention pour inciter les conducteurs à améliorer leur comportement.«Les amendes de stationnement concernent aussi la communication des entreprises, rappelle Edouard Rance. Nous incitons donc celles qui possèdent des voitures siglées à mener des actions fermes de prévention auprès de leurs collaborateurs.»Souvent, le nombre d’amendes d’un conducteur constitue d’ailleurs aussi un indicateur de son comportement sur la route. L’ignorer revient à s’exposer à des conséquences autrement plus importantes telles que les accidents. Dans ce cas, la responsabilité de l’entreprise peut être engagée.
Le digital en support des services
Quels que soient les services plébiscités par les entreprises, leur mise en place, au même titre que l’optimisation de la gestion de flotte, est souvent liée à des solutions technologiques. «Le recours aux outils de gestion de flotte automobile est d’ailleurs de plus en plus fréquent», constate Matthieu Blaise. Gage de l’engouement des entreprises pour ces solutions, la croissance actuelle des éditeurs de logiciels tels que Phoenix Développement, GAC Technology, Infoparc, Winflotte… ou encore, les nouveaux services de pilotage et de conseil permanent proposés par des sociétés de conseil comme Cristal Décisions, au travers de sa nouvelle offre de monitoring.
«Au-delà de ces outils de gestion, les prestataires tels que les loueurs longue durée proposent également des solutions de reporting grâce auxquelles les gestionnaires de flotte renforcent le suivi de leur parc», précise pour sa part François-Xavier Castille. Ils peuvent les paramétrer pour suivre certains postes de dépenses, tels que la consommation de carburant par véhicule.» A partir de ces reportings et des analyses qu’ils effectuent, ils ont alors la possibilité de mettre en place des plans d’action comme des formations à l’écoconduite ou à la sécurité routière. «Avec un tel accompagnement, les gestionnaires de parc et les acheteurs peuvent alors se concentrer sur les tâches les plus stratégiques telles que les négociations, les litiges fournisseurs, le respect des cahiers des charges, le suivi des lois de roulage», poursuit Matthieu Blaise.
Les boîtiers télématiques profitent aux conducteurs
En matière de services digitaux, les boîtiers télématiques ne sont pas en reste et attirent tout autant l’attention des gestionnaires de flotte. Ils ont pour vocation de capter les données à la source puis de les remonter aux gestionnaires de parcs via des portails Internet ou aux conducteurs via des périphériques dédiés ou leur smartphone. Longtemps, l’usage de ces boîtiers est uniquement resté articulé autour de la réception des données GPS ou encore de l’envoi automatisé de missions. Aujourd’hui, grâce aux évolutions technologiques, d’autres données peuvent être transmises, permettant alors de suivre en temps réel le kilométrage et la consommation des véhicules, l’itinéraire suivi, le comportement et les vitesses adoptées par le conducteur… Elles contribuent par ailleurs à mieux suivre la vie du véhicule et en particulier ses échéances de maintenance.
Une démarche grâce à laquelle les gestionnaires de flotte renforcent la valeur de revente de leur parc : présenter un bilan d’entretien sans faille, justifier d’une absence d’accidents ou prouver que les véhicules ont été conduits dans le respect de la législation sont en effet autant de pistes pour abaisser les coûts de gestion d’une flotte.«Sans compter que les solutions de télématique embarquée sont également un atout majeur dans la mise en place de stratégie d’écoconduite, souligne François-Xavier Castille. Les données issues des boîtiers télématiques, associées à une analyse fine permettent en effet au gestionnaire de flotte de faire des recommandations à ses conducteurs sur leur mode de conduite, en menant des actions pédagogiques et de sensibilisation adaptées.» Enfin, en permettant de localiser un collaborateur, en cas par exemple, de panne ou d’accident, la télématique embarquée contribue également à la sécurisation des collaborateurs.
A travers ces différents outils digitaux, les entreprises disposent ainsi d’un support grâce auquel elles peuvent orchestrer les services délivrés par les prestataires, tout en renforçant le suivi et l’optimisation de leur flotte automobile.