Cloud Computing

Le Cloud Computing séduit de plus en plus les entreprises dans leurs projets de transformation

Publié le 28 mars 2014 à 18h44    Mis à jour le 1 septembre 2015 à 18h19

Anne del Pozo

Longtemps resté porté par les promesses de diminution des coûts liées au poste informatique, le cloud computing séduit désormais les entreprises par sa capacité à les accompagner dans leurs projets de transformation.

Aujourd’hui, force est de constater que la réduction des coûts informatiques reste l’une des premières motivations des entreprises qui basculent vers le cloud. 48 % des entreprises interrogées dans le cadre d’une étude KMPG en 2013 considèrent la réduction des coûts comme la principale raison de leur passage au cloud, suivie par la vitesse d’adoption de cette technologie (28 %). Sept entreprises sur dix sont plutôt d’accord ou tout à fait d’accord pour dire que l’environnement cloud a permis une réduction significative des coûts. Mais les réflexions sur le sujet dépassent maintenant largement ce simple cadre financier. Transformation de la DSI, modernisation des infrastructures informatiques, évolution des modèles applicatifs et des modèles de services, modifications des processus de facturation et de paiement des services IT sont désormais autant de sujets liés au cloud sur lesquels se penchent les entreprises des secteurs privés et publics.

Le cloud comme levier de transformation du modèle économique

Si le cloud computing se déploie désormais au sein d’une grande majorité d’entreprises, son adoption nécessite cependant un temps d’adaptation. Confrontées aux réalités d’usage, les directions générales et informatiques ont développé une vision clarifiée et concrète des bénéfices et des difficultés rencontrées lors du déploiement d’un projet cloud. Parmi les principaux faits marquants, l’intégration de cette technologie doit aller de pair avec une refonte des processus clés de l’entreprise. La démarche est en effet nécessaire pour tirer profit des économies de coûts informatiques réalisées à court terme et contribuer par ailleurs à la transformation sur le long terme des modèles économiques. Sur un marché devenu mature, les entreprises cibles ne s’interrogent donc plus sur la nécessité d’investir dans un projet cloud, mais cherchent plutôt, aujourd’hui, à mettre en œuvre cette technologie de la manière la plus performante possible. La démocratisation du cloud s’accompagne d’ailleurs d’un changement important dans la vision de cette technologie qui, au-delà d’un simple levier de réduction des coûts, s’avère aussi être un levier stratégique inscrit à l’agenda des responsables informatiques et des directions générales.

Ainsi, le choix du cloud par les directeurs informatiques est motivé à 52 % par la réduction des coûts et à 34 % par la rapidité de déploiement de cette technologie. Si les deux objectifs sont très largement partagés par les directeurs généraux, ces derniers attendent également du cloud une capacité à accompagner la transformation de leur modèle économique (24 %) et à renforcer leur interaction avec leurs clients (21 %). Les bénéfices des solutions cloud seront par ailleurs d’autant plus tangibles et conséquents que le déploiement aura été mené en tandem avec une redéfinition des organisations et des processus opérationnels.

«Contrairement à ses voisins européens, la France ne semble pas prendre toute la mesure de l’ensemble des avantages que le cloud computing peut apporter : moins de 10 % des répondants considèrent cette technologie comme un outil de transformation des processus de l’entreprise, alors même que d’autres pays comme l’Allemagne (23 %) et l’Italie (34 %) ont une sensibilité plus forte à cet objectif, explique Marie Guillemot, associée, responsable du secteur technologies, médias et télécommunications de KPMG en France.

Le cloud privé garde la préférence des entreprises

Parmi les différents modèles proposés, le cloud privé reste actuellement celui qui est le plus plébiscité par les entreprises. D’après le Cloud Index, réalisé par IDC en 2014, 86 % des entreprises ayant recours au cloud l’ont ainsi adopté. Dans le cadre de ce modèle, l’entreprise garde ses propres environnements et ses propres infrastructures mais les met à la disposition de l’ensemble de ses métiers, à qui elle facture en fonction de ses différents usages. Avec le cloud privé, les entreprises ont certes comme objectif la réduction des coûts, mais aussi une meilleure efficacité vis-à-vis des directions utilisatrices (diminution du temps de déploiement des applications, satisfaction des demandes des métiers, etc.). Le cloud public consiste pour sa part à aller chercher chez un tiers les applicatifs, infrastructures et plates-formes et de les payer à l’usage. Il nécessite une approche concertée avec les métiers. Selon 21 % des directions informatiques ayant déployé des solutions cloud public, la majorité des dépenses en cloud proviennent alors des métiers, mais la visibilité des DSI sur la dépense initiée par les métiers reste très faible. De plus, il arrive que les directions métiers déploient des solutions de cloud public sans le recours à la DSI (39 %). Enfin, les entreprises qui ont recours au cloud hybride cherchent avant tout à réduire les temps de déploiement des applications (69 %), tout en conservant une maîtrise forte des problématiques de sécurité et de confidentialité. Le cloud hybride consiste à disposer d’un cloud privé mais aussi d’aller le compléter à l’extérieur par des parties publiques. «Les entreprises françaises sont de plus en plus nombreuses à comprendre les avantages qu’elles peuvent tirer de la combinaison de différents modèles cloud, explique Hervé Uzan, directeur général de VMWare France. Les gains en termes d’agilité, d’efficacité et de coûts peuvent être considérables et sans contrainte supplémentaire d’administration. Le cloud hybride, encore timide aujourd’hui, devrait continuer à croître puisque, dorénavant, les entreprises peuvent utiliser un modèle de gestion, de sécurité, etc., et ainsi profiter des avantages du cloud public sans modifier ni les applications ni les opérations.»

La barrière de la sécurité se lève

Gage de la maturité grandissante des entreprises par rapport aux projets cloud, les principaux freins à leur déploiement commencent à se lever. Certes, le risque majeur encore exprimé aujourd’hui par 30 % des entreprises interrogées reste celui de la perte ou de la corruption des données, tandis que 26 % citent les risques de sécurité au sens large et 21 % les risques de violation de la propriété intellectuelle. Cependant, contrairement à 2011, la sécurité n’est plus considérée comme le principal frein au développement du cloud, les entreprises s’estimant mieux préparées pour y faire face. Elles sont d’ailleurs de plus en plus nombreuses à exprimer une confiance grandissante dans la sécurité du cloud : plus d’une entreprise sur trois envisage d’adopter le Cloud dans les dix-huit prochains mois dans des fonctions comme le procurement, le supply chain, la finance ou encore la business intelligence. La réglementation, en revanche, reste un défi complexe à relever pour des entreprises évoluant dans certains secteurs d’activité tels que le commerce et la restauration (40 %), les universités (25 %) et la finance (23 %). Enfin, l’optimisation fiscale joue également un rôle décisif dans le passage au cloud pour 75 % des entreprises. Les entreprises concernées soulignent en effet l’importance d’adopter une structure d’imposition appropriée dans une optique de réduction des coûts. Le secteur financier se considère comme le mieux préparé à cette question, suivi par celui du commerce et de la restauration.

Une intégration plus complexe que prévu

L’adoption du cloud s’avère néanmoins plus complexe qu’elle ne l’était envisagée au départ par les entreprises, notamment en termes de gestion des données, d’intégration de systèmes et de gestion des multiples fournisseurs de contenus. Plus d’un tiers des entreprises interrogées dans le cadre de l’étude KPMG estime que les coûts de mise en place d’un projet cloud ont été plus élevés que prévu. 31 % ont rencontré des difficultés de mise en œuvre pure quant à l’intégration de ces nouveaux processus avec l’architecture existante. 30 % soulignent la perte de données ou de contrôle sur ces données. «Les dépassements de coûts ainsi observés illustrent bien la nécessité de gérer la migration vers le cloud comme un véritable projet d’entreprise, indique Sylvain Leterrier, directeur, activité IT Advisory de KPMG en France. Il s’agit d’anticiper, avant même le démarrage du projet, la définition de la stratégie cloud en matière de gouvernance et de sécurité, et la mise en place d’une structure de projet suffisamment transversale pour tirer parti du potentiel du cloud au travers de la refonte de l’organisation et la redéfinition des processus métiers.»

Au-delà de la maturité des entreprises et de leurs enjeux, le cloud pose donc en profondeur la question de la transformation et de l’évolution du modèle des entreprises pour se diriger vers un nouveau paradigme informatique.«L’entreprise numérique s’installe progressivement dans le paysage, analyse Karim Bahloul, directeur études et recherches chez IDC. Les processus internes, les modes d’interaction et de collaboration de l’entreprise avec ses clients et ses partenaires, les services délivrés aux clients sont progressivement dématérialisés. Le numérique s’inscrit désormais dans l’ADN de certaines entreprises en modifiant leur proposition de valeur et leur modèle économique. Mais, pour suivre cet élan, la transformation de la DSI s’impose.» 

 

 

Les solutions cloud plébiscitées par les PME

En ce qui concerne le cloud computing, trois grands domaines sont prioritairement ciblés par les PME :

  • la collaboration avec des solutions de messagerie classique et instantanée, d’agenda partagé, de conférence Web et de réseaux sociaux internes ;
  • la conservation des données et du patrimoine informationnel de l’entreprise avec des solutions de stockage et de sauvegarde de données en ligne. Ce domaine s’étend à la protection des données avec le recours à des solutions de sécurité informatique en mode SaaS et à des solutions d’archivage électronique ;
  • le développement des ventes et du capital client avec l’utilisation des solutions en mode SaaS de création de sites Web non transactionnels, de gestion de la relation client en ligne ainsi que de gestion de campagnes marketing digitales.

Aujourd’hui, de plus en plus de PME se tournent également vers des applications de gestion d’entreprise (finance, comptabilité, RH) ainsi que les progiciels de gestion intégrés (ERP).

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