En novembre 2022, le Parlement européen adoptait la CSRD qui entrait en vigueur en janvier 2023, avec ses 12 standards de reporting de durabilité associés. Les transpositions en Europe furent pour le moins hétérogènes, et après une première vague d’états de durabilité publiés par les grandes entreprises sur leurs données 2024, la Commission européenne a présenté une directive Omnibus qui a mis en pause pour deux ans l’extension de ce dispositif aux autres entreprises.
La directive Omnibus en Europe ouvre aussi la voie à une « simplification » et la proposition d’European Sustainability Reporting Standards (ESRS) révisés arrive dans ce climat de flottement, entre ambitions politiques fragilisées et réalités économiques pressantes. Ce texte recentre le reporting ESG sur l’essentiel, engage le management et replace de facto la stratégie au cœur de l’exercice. C’est positif.
L’enjeu aujourd’hui n’est pas l’exégèse technique mais l’analyse de l’esprit qu’elles insufflent. Elles ne simplifient pas un rituel administratif : elles redonnent aux entreprises la main sur leur récit extra-financier et la possibilité d’affirmer leur singularité auprès des parties prenantes.
Les fondamentaux demeurent. Gouvernance, qualité des données, intégration de l’ESG dans le contrôle interne et la gestion des risques restent au centre des attentes. La double matérialité est réaffirmée : l’impact constitue le point d’entrée à partir duquel se déploie la matérialité financière.
Plus de souplesse, donc plus de responsabilité. L’analyse peut se mener en « bottom-up » (à partir des impacts, risques et opportunités) ou en « top-down » (à partir des enjeux stratégiques déjà identifiés). Le périmètre peut être resserré lorsqu’un enjeu ne touche manifestement pas une partie du périmètre ; une étude lourde peut être évitée lorsqu’un sujet est « évidemment matériel ». Surtout, la notion d’« effort disproportionné » est introduite : l’accès à toutes les données n’est plus exigé à tout prix.