En juin dernier, Alstom s'est vu décerner par le Club des Trente le prix de l’opération financière de l’année 2024 en matière de financement, pour le désendettement de 2 milliards d'euros opéré en réponse à une forte crise de trésorerie. L’occasion de revenir avec son vice-président exécutif et directeur financier, Bernard Delpit, sur une opération menée à bien en moins d'un an, malgré les nombreuses contraintes auxquelles le plan retenu a dû répondre et l’ampleur des mesures de gestion financière qui l’ont accompagné.
A peine nommé en juillet 2023 à la tête de la direction financière d’Alstom, vous avez été confronté trois mois plus tard à une crise de trésorerie, qui a entraîné une chute de 38 % du titre le 5 octobre et conduit à la mise en place d’un important plan de désendettement. Comment le groupe en est-il arrivé là ?
Dans une activité de projets, qui plus est chez un « pure player », la gestion du cash est un enjeu permanent. Cela tient d’abord à la forte saisonnalité de l’activité. Notre exercice fiscal débutant le 1er avril, la génération de cash connaît chaque année au premier semestre, sauf facteurs exceptionnels, un point bas en raison des ponts, des vacances qui entraînent des fermetures d’usines… De plus, elle peut être perturbée par l’évolution des contrats, selon que le client valide ou pas les jalons nous permettant de recevoir des paiements. Or un certain nombre de contrats ont rencontré des difficultés d’exécution, notamment en Grande-Bretagne. Le premier semestre de l’année fiscale 2023-2024 s’est ainsi soldé par un cash-flow libre négatif de 1,1 milliard d’euros, alors que le marché s’attendait à une situation proche de l’équilibre pour un objectif annuel « significativement positif ». Jusqu’alors, en effet, Alstom ne donnait pas de guidance sur le premier semestre et attendait les résultats de ce dernier pour actualiser ses perspectives sur l’année. La chute du cours a de plus été accentuée par des ventes à découvert, Alstom étant à l’époque l’une des sociétés les plus « shortées » en Europe.
