Malgré une importante épargne disponible en Europe, les petites et moyennes entreprises locales éprouvent toujours des difficultés à financer en fonds propres leur croissance. Mais cette situation paradoxale n’a rien d’irréversible, estiment dans un livre blanc les co-chief executive officers d’Eurazeo, Christophe Bavière et William Kadouch-Chassaing, qui misent notamment sur la qualité du tissu entrepreneurial, la prise de conscience des autorités européennes et le regain d'intérêt des investisseurs étrangers.
Alors que plusieurs rapports (Draghi, Letta, Noyer…) ont souligné l’année dernière la nécessité urgente de redonner à l’Europe les moyens d’être compétitive, vous venez de publier un livre blanc consacré à l’investissement en Europe. Pourquoi ?
William Kadouch-Chassaing : Nous avons pris conscience qu’il existait un certain nombre d’idées préconçues sur l’investissement en Europe, et qu’il serait intéressant de les confronter à la réalité de terrain, telle que nous l’observons. Beaucoup d’investisseurs – y compris en Europe et en France, d’ailleurs – ont tendance à sous-estimer le potentiel de son tissu micro-économique. Or nous sommes bien placés, chez Eurazeo, pour voir à quel point ce tissu est dense et de qualité. Le problème, c’est que les entreprises qui, dans un certain nombre de secteurs, ont vocation à devenir des champions européens, voire mondiaux, manquent d’investisseurs en fonds propres pour leur permettre de changer d’échelle. Ces derniers mois, cependant, des propositions ont été émises par la Commission européenne, suite à différents rapports, pour favoriser l’innovation et la compétitivité en Europe. Elles nous ont incités, compte tenu de notre expérience, à remettre en perspective la problématique de l’orientation de l’épargne européenne, en montrant à la fois les faiblesses mais aussi et surtout les forces de l’écosystème local, et en réfléchissant aux actions qui nous paraissaient prioritaires à mener.
Vous soulignez dans votre rapport que plusieurs...