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Gestion de trésorerie

Taux-change : prudence sur les couvertures

Publié le 5 février 2024 à 8h30

Arnaud Lefebvre

Depuis un an, la parité euro-dollar fluctue dans un couloir étroit. Mais entre la normalisation imminente des politiques monétaires européenne et américaine et la tenue de nombreux scrutins électoraux cette année, les trésoriers s’attendent à un regain de volatilité dans les prochains mois. De quoi nourrir leurs réflexions sur la stratégie de couverture à adopter.

Une fois n’est pas coutume, la détermination du cours de référence pour la parité euro-dollar dans les budgets 2024 n’a pas été un réel casse-tête au sein des directions financières concernées. « Sur ce plan, le dernier processus budgétaire s’est déroulé sans stress particulier, ce qui a d’ores et déjà permis aux entreprises de mettre en place une partie substantielle de leurs positions de couverture pour cette nouvelle année », confirme Solal Huard, associé directeur chez Kerius Finance, société spécialisée en gestion et couverture des risques de change, taux d’intérêt, matières premières et dette. Un constat corroboré par Thomas Prunier, président de la commission Risques de l’Association française des trésoriers d’entreprise (AFTE). « Ces derniers mois, la parité euro-dollar est restée relativement stable, oscillant le plus souvent dans un couloir étroit compris entre 1,08 et 1,10 dollar pour 1 euro. Dans ce contexte peu volatil, bon nombre de trésoriers ont figé leur cours-budget à ces niveaux et ont pu avancer rapidement dans la mise en œuvre de leur programme de couvertures pour 2024. » D’environ 6,9 % sur un an actuellement, la volatilité de cette paire de devises demeure faible en effet. Après s’être inscrite entre 6,3 et 7 % l’an dernier, elle est sensiblement inférieure à sa moyenne historique, de l’ordre de 10 %.

Les autres parités au cœur des préoccupations

Si l’euro-dollar est au centre de la majorité des opérations de couverture récemment mises en place, quelques autres parités suscitent actuellement une attention renforcée de la part des trésoriers.

  • Franc suisse : avoisinant 0,93 franc suisse, l’euro s’inscrit aujourd’hui à ses plus bas historiques face à la monnaie helvétique (- 6,8 % sur un an). « Pénalisante pour les importateurs depuis la zone euro ou les exportateurs suisses, cette situation suscite de nombreuses discussions avec nos clients qui, pour la plupart, préfèrent cependant rester attentistes », signale Solal Huard, chez Kerius Finance.
  • Yen : à l’inverse, la forte appréciation de l’euro depuis mi-2020 (+ 38 % sur la période, à près de 160 yens) incite les entreprises importatrices à se montrer opportunistes. « Après s’être déjà largement couvertes, certaines mettent actuellement en place des couvertures optionnelles dans l’optique où elles effectueraient des achats supplémentaires », ajoute Solal Huard. En parallèle, « plusieurs couvertures ont pu être souscrites sur des maturités un peu plus longues et par des maisons mères appelées à octroyer des prêts intra-groupe au bénéfice de leurs filiales japonaises – ou suisses – par exemple », informe Christophe Combes, chez Société Générale CIB.
  • Renminbi : alors que la monnaie chinoise s’est dépréciée de plus de 5 % sur un an face à l’euro, cette tendance pourrait se poursuivre sous l’effet des difficultés économiques du pays et du possible lancement d’un vaste plan de relance. Face à cette perspective, « certaines entreprises françaises ont jugé bon de couvrir la valeur de leurs actifs chinois (couverture bilantielle) », explique Jean-Philippe Castellani, chez Deutsche Bank.
  • Devises émergentes : souvent jugée problématique, la gestion du risque de change émergent reste plus que jamais d’actualité. « Liées aux difficultés (faible liquidité) ou à l’impossibilité de se couvrir, ainsi qu’aux mouvements de dépréciation récents, les principales difficultés portent tout particulièrement sur le peso argentin, la livre turque et la livre égyptienne », souligne Thomas Prunier, de la commission Risques de l’AFTE.

Des fenêtres porteuses pour chacun

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