Mûri depuis plus de cinq ans par la BCE, le projet d’euro numérique de détail va être soumis en 2026 au Parlement européen, pour un lancement en 2029. Mais ce nouveau moyen de paiement suscite beaucoup plus d’oppositions que prévu, dont au premier chef celle des grandes banques, qui n’y voient que des inconvénients et ont trouvé des relais pour défendre leur position parmi les députés européens.
Enfin un calendrier ! Voilà des mois que la BCE préparait le lancement d’un euro numérique, mais le mystère restait entier sur la date possible de mise à disposition de ce nouveau moyen de paiement pour les consommateurs européens. Ce sera 2029, a indiqué la Banque centrale européenne il y a quelques semaines. Mais, sans trop les souligner, les banquiers centraux évoquent aussi, désormais, les obstacles à franchir avant que cet euro digital arrive dans les poches de tous les particuliers équipés d’un smartphone. Après les gouvernements qui ont approuvé le projet le 19 décembre, il faudra notamment que les parlementaires européens donnent aussi leur aval, au printemps 2026. Or ce qui aurait pu apparaître a priori comme une simple formalité tiendra plutôt du chemin semé d’embûches. Car si l’euro numérique de gros, destiné aux échanges entre banques, ne fait l’objet d’aucune contestation – il ne sera d’ailleurs pas soumis aux députés européens –, tout le monde n’est pas convaincu par le projet de la BCE de « digital euro » de détail, loin de là.
Des craintes se sont fait jour sur les conséquences de cette monnaie qui permettrait de payer partout au sein de la zone euro via un wallet (portefeuille numérique sur un smartphone), avec l’équivalent digital des billets de banque et pièces de monnaies actuelles (voir encadré). Plusieurs parlementaires européens, et non des moindres – c’est même le cas du rapporteur du projet, l’économiste espagnol Fernando Navarrete, membre du Parti populaire européen –, vont jusqu’à contester l’architecture de l’euro numérique patiemment construite par la BCE.