Que ce soient les analystes crédit en banques ou les arbitres en assurance, ces spécialistes de l’analyse du risque client ont généralement tous pour objectif de limiter l’exposition aux risques de l’organisme financier qu’ils représentent. Si la méthode pour y parvenir peut différer, leurs compétences sont en revanche souvent similaires.
Pour les banques de réseau, d’investissement ou de financement comme pour les assurances-crédit, la maîtrise du risque client est un principe de base. L’enjeu est cependant d’autant plus important aujourd’hui au regard du contexte économique et du niveau de défaillance élevé. A ce titre, le rôle des analystes crédit (banques) ou des arbitres (assurance-crédit) au sein de ces organismes financiers est plus que jamais essentiel.
« Dans les banques de réseau, les analystes crédit ont pour vocation de limiter le risque encouru par la banque en cas de financements court, moyen ou long terme demandés par une entreprise », précise Carl Palut, consultant en recrutement senior chez Fed Finance banque et organismes financiers. Leur analyse financière de l’entreprise demandeuse permet de juger de sa capacité de remboursement, de sa solvabilité et de l’éventuel risque de perte que la banque devra porter en cas de non-remboursement. « Au sein de l’assurance-crédit, l’arbitre étudie pour sa part la solvabilité de l’acheteur pour définir ensuite quel niveau de garantie lui sera octroyé », explique David Hoarau, responsable de branche en charge du BTP, de l’électricité et du papier chez Coface.
Dans un cas comme dans l’autre, analystes crédit et arbitres analysent scrupuleusement la santé financière de l’entreprise demandeuse (compte de résultat, bilan, liasse fiscale, etc.) « En banque, les analystes crédit s’appuient à cet effet sur les éléments financiers souvent récoltés et transmis par les chargés d’affaires entreprises ou les commerciaux, mais aussi sur des données extra-financières telles que le dynamisme du secteur, les concurrents ou bien encore les nouvelles réglementations à venir pouvant perturber le marché », ajoute Carl Palut. Les arbitres des assureurs crédit s’appuient pour leur part sur les données recueillies par leur service information d’entreprise. « Nos arbitres vont également à la rencontre de nos assurés sur le terrain, précise Besa Shkembi, directrice de l’arbitrage chez Allianz Trade. La relation client est d’ailleurs un élément clé de notre métier. Elle nous permet de détecter et d’anticiper les demandes du client, et de trouver le juste équilibre entre le risque financier que nous allons souscrire et le besoin de l’entreprise. En 2024, nos 53 arbitres en France ont ainsi réalisé plus de 3 200 visites auprès de nos clients. » Cette démarche terrain est d’autant plus importante pour les banques et assurances crédit que leurs clients sont également des sources d’informations sur l’évolution de leur secteur d’activité. « Ces avis terrain nous permettent d’enrichir notre connaissance sur l’entreprise et son secteur », précise David Hoarau.
«Les analystes crédit déterminent les conditions d’octroi du crédit, son montant, sa durée et le taux d’intérêt.»
Sur la base des informations recueillies et analysées, les analystes crédit et arbitres vont pouvoir fixer les clauses des contrats de crédits ou d’encours garantis. « Les analystes crédit déterminent les conditions d’octroi du crédit, son montant, sa durée et le taux d’intérêt, précise Carl Palut. Ils rédigent souvent une note de crédit qu’ils doivent ensuite pouvoir argumenter auprès du chargé d’affaires ou du commercial de la banque notamment en cas de refus de crédit, ou encore auprès du comité de crédit de la banque. » Il revient en effet aux analystes crédit et arbitres de justifier leurs positions. « La démarche est d’autant plus importante en cas de décision restrictive ou défensive, précise David Hoarau. Les arbitres doivent pouvoir expliquer aux assurés ou aux courtiers leur décision et jouent pour cela un vrai rôle de conseil auprès des entreprises en matière de gestion du risque. »
Une expertise affûtée en finance et en analyse du risque
Pour remplir ces missions, les analystes crédit et arbitres doivent avant tout avoir de solides bases en finance et en particulier en analyse financière. Ils doivent notamment savoir lire un bilan, interpréter des ratios financiers, calculer des seuils de rentabilité, etc. « Face au développement et à la complexité des risques actuels, nous recherchons également des candidats ayant une certaine appétence pour les outils digitaux, la manipulation de data, les modèles prédictifs ou encore l’intelligence artificielle, précise Besa Shkembi. Cette expertise leur permettra d’affiner leurs analyses du risque. » Si certains sont recrutés à la sortie de leur bachelor en finance, la plupart de ces experts de l’analyse sont ainsi diplômés d’un master 2 en finance d’entreprise ou en banque. D’autres enfin, souvent déjà des financiers, font le choix de se spécialiser sur l’analyse crédit en passant des certificats tels que le Chartered Financial Analyst (CFA), le Financial Risk Manager (FRM), ou encore l’International Certificate in Corporate Finance (ICCF) d’HEC. « Les analystes crédit en banque sont plutôt diplômés d’une école de commerce, précise Hervé Dillenseger, principal – division management de transition – banques, institutions financières et immobilier chez Robert Walters. Ils ont généralement une bonne maîtrise des règles comptables et du contrôle de gestion ainsi qu’une vision financière de l’analyse des risques. Certains sont plus orientés scoring et modélisation des risques. Ils ont alors davantage un profil d’actuaire ou d’ingénieur. » Les arbitres des assureurs crédit pour leur part sont généralement plus expérimentés. « En interne, nous pouvons recruter nos alternants, précise David Hoarau. Leur formation dans notre entreprise leur permet de bien appréhender le métier. Nous cherchons également des profils ayant eu une première expérience en banque, dans des sociétés de leasing ou au sein d’équipe de credit management. » Besa Shkembi est ainsi passée par des postes de credit controlling et d’analyse financière avant de prendre la direction de l’arbitrage chez Allianz Trade. David Hoarau pour sa part a commencé par exercer en cabinet de conseil pour ensuite occuper la fonction d’analyste des risques de crédit dans des banques ou leurs filiales de leasing, avant d’entrer chez Coface en qualité d’arbitre sectoriel. Si certains acquièrent une compétence sectorielle au cours de leur parcours professionnel, les recruteurs attendent surtout d’eux qu’ils soient en capacité de se diversifier et de partager leur connaissance d’un marché avec leurs homologues dans l’entreprise.
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Une vision nécessaire de l’entreprise à moyen et à long terme
Ces spécialistes de l’analyse du risque sont d’ailleurs aussi attendus sur leurs soft skills. « Les valeurs relationnelles sont indispensables au partage de cette expertise, mais aussi pour échanger en interne avec les autres équipes, en particulier celle en charge de l’information d’entreprise, ou encore avec les entreprises », souligne Besa Shkembi. Il est ainsi important qu’ils sachent faire preuve d’empathie, d’argumentation et de pédagogie. Rigueur et curiosité sont également des prérequis indispensables à ces métiers. « Il s’agit en effet de métiers très en lien avec l’actualité économique et financière, précise David Hoarau. Bien mesurer un risque nécessite donc d’avoir une vision en temps réel mais aussi à court, moyen et long termes sur l’entreprise souscriptrice ainsi que sur l’environnement macro-économique. » Les compétences en anglais sont également souvent indispensables, surtout pour les analyses crédit en banques d’investissement ou les arbitres des assureurs crédit. « Chez Coface, nous opérons dans plus de 200 pays et à ce titre, lorsqu’il s’agit de prendre une position sur un client à l’étranger, nos arbitres en France doivent pouvoir interagir avec leurs homologues locaux » poursuit David Hoarau.
Ces différentes compétences conjuguées à leur expertise sur le terrain offrent à ces profils plusieurs perspectives d’évolution. « Dans les banques, un analyste crédit junior peut notamment se voir confier des portefeuilles d’entreprises de taille plus importante ou se spécialiser sur un secteur d’activité, précise Carl Palut. Il peut également s’orienter sur des financements plus complexes, structurés ou syndiqués, ou encore intégrer une équipe “affaires spéciales” en charge des entreprises clientes en difficulté ». Chez les assureurs crédit, les perspectives sont également très diverses. « Les arbitres peuvent évoluer de manière transverse, par exemple en se spécialisant sur un nouveau secteur d’activité, ou prendre davantage de responsabilités et devenir par exemple responsables de l’arbitrage sur un pays ou une région », indique pour sa part David Hoarau. Des perspectives d’évolution intéressantes pour un marché de l’emploi sur lequel les candidats doivent être à l’écoute pour saisir les bonnes opportunités au bon moment.
Des rémunérations entre 38 000 et 75 000 euros
Analystes crédit en banque :
Sortie d’études : 38 000 à 42 000 €/an
2 à 5 ans d’expérience : 42 000 à 47 000 €
5 à 7 ans d’expérience : 47 000 à 55 000€
Profils seniors : de 55 000 à 75 000€
Source : Fed Finance