La facturation électronique n’est plus seulement une obligation réglementaire : elle s’impose désormais comme un véritable levier de transformation des directions financières.
Alors que la réforme française sur la facturation électronique entrera pleinement en vigueur à partir de septembre 2026, d’autres pays européens avancent à grands pas vers des dispositifs similaires. En toile de fond, l’Europe prépare le projet ViDA – VAT in the Digital Age, qui vise à harmoniser les modèles nationaux autour d’un même principe : le contrôle transactionnel continu (CTC). Dans ce contexte, la donnée issue de la facture électronique devient un actif stratégique, à la fois pour les Etats et pour les entreprises.
Un mouvement européen vers la transparence transactionnelle
L’Italie, pionnière en matière de CTC, a ouvert la voie dès 2019 avec son modèle « SDI ».La Pologne, l’Espagne, l’Allemagne ou encore la Belgique ont depuis annoncé la mise en place de dispositifs similaires. Partout, l’objectif est le même : lutter contre la fraude à la TVA et renforcer la transparence économique, tout en fiabilisant la collecte de données fiscales.La France, avec son architecture articulée autour du Portail public de facturation (PPF) et des plateformes agréées (PA, ex-PDP), s’inscrit dans cette dynamique européenne.
Mais au-delà de la conformité, le passage au CTC crée une opportunité unique : disposer de données financières standardisées, complètes et en temps quasi réel.
De la conformité à la performance : la révolution de la donnée
En effet, chaque facture émise ou reçue contiendra désormais des données structurées, normalisées selon les formats européens (norme EN 16931, pour la France les formats UBL, CII, Factur-X). Cette granularité permet à la fois la transparence fiscale et la valorisation opérationnelle. Pour une direction financière, cela signifie une visibilité instantanée sur les cycles order-to-cash (O2C) et procure-to-pay (P2P) ; une capacité à piloter la trésorerie de manière prédictive grâce à des données fiables ; une réduction significative des litiges, des retards de paiement et des erreurs comptables et, à terme, la possibilité d’alimenter des outils d’analyse avancés (cash forecasting, scoring fournisseur, DSO dynamique). Autrement dit, la donnée transactionnelle devient un levier de gouvernance financière. Ce basculement structurel place les DAF au cœur d’un écosystème où la conformité et la performance se nourrissent mutuellement.
Le CTC, colonne vertébrale du futur modèle européen
Le contrôle transactionnel continu n’est pas qu’une contrainte technique. Il s’agit également d’une forme de reporting intégré. Chaque transaction est validée, horodatée, transmise et suivie selon un cycle de vie normé (émission, dépôt, rejet, paiement…) pour créer une chaîne de confiance numérique entre entreprises, plateformes et administrations fiscales.Avec le projet ViDA, cette logique pourra s’étendre à l’échelle de l’Union européenne.
L’ambition : établir un cadre commun d’e-invoicing et d’e-reporting intra-européen, afin que chaque Etat membre bénéficie d’une visibilité consolidée sur les transactions transfrontalières.
Pour les entreprises, c’est la promesse d’une interopérabilité simplifiée et d’une réduction des coûts administratifs liés aux déclarations multiples.
Des normes au service de la fiabilité des données
Par ailleurs en France, le travail de spécification initié par le FNFE-MPE et repris par l’Afnor a abouti à la publication des normes XP Z12-012, 013 et 014. Celles-ci structurent la donnée (012), sécurisent les échanges (013) et cadrent les cas métiers (014). Elles garantissent que chaque plateforme agréée, comme DIGITAL INVOICE by Tessi, parle le même langage que les autres acteurs du réseau, en France comme en Europe. L’application cohérente de ces normes assure une donnée fiable « de bout en bout » : de la création de la facture à sa transmission, en passant par le rapprochement comptable et la déclaration de TVA. Cette fiabilité devient un prérequis essentiel pour exploiter la donnée à des fins de pilotage.
L’émergence d’une finance « data-driven »
Pour les directions financières, cette mutation change la nature même de leur mission.
Jusqu’ici centrées sur la conformité et le reporting a posteriori, elles accèdent désormais à une information transactionnelle en quasi-temps réel. Cette disponibilité ouvre la voie à une finance prédictive, plus agile et plus stratégique. Elle permet par exemple d’anticiper les décalages de trésorerie, de surveiller les comportements de paiement, d’évaluer la performance fournisseurs et de mieux orienter les investissements.
La facture électronique se met ainsi au service d’une gouvernance data-driven, une évolution qui s’inscrit pleinement dans la tendance de digitalisation globale de la fonction finance.
DIGITAL INVOICE by Tessi : au croisement de la conformité et de la performance
En tant que plateforme agréée (PA), DIGITAL INVOICE by Tessi va plus loin que la seule mise en conformité avec une approche qui combine gestion de la conformité et services à destination des métiers : qualité des référentiels, audit flash, automatisation O2C/P2P, campagnes d’enrôlement, rapprochements, e-reporting multi-pays…
A travers l’e-invoicing et l’e-reporting, l’Europe construit une infrastructure de transparence et d’efficacité. La plateforme assure une conformité France et internationale tout en transformant la donnée en un levier de performance. Elle devient pour les DAF un véritable atout pour le pilotage financier, capable de fiabiliser les flux et d’enrichir la prise de décision.
En investissant dès aujourd’hui dans des solutions conformes et évolutives, les entreprises s’assurent de leur conformité réglementaire, mais se donnent aussi une longueur d’avance dans la transformation digitale de la finance portée par cette nouvelle manne de données.
Pour les directions financières, c’est le moment d’en faire un levier de performance durable.
Questions à…Fabien Piffre, directeur projet, expert réforme et plateforme agréée chez Tessi
Pourquoi les normes Afnor sont-elles essentielles à la réforme de la facture électronique ?
Ces normes constituent le socle invisible de la réforme en posant les bases d’une standardisation. Elles permettent à tout l’écosystème de fonctionner et de communiquer de manière fluide et interopérable. La norme XP Z12-012 structure la donnée, définit les formats, les règles de cohérence, les statuts. La norme XP Z12-013 sécurise les échanges notamment en leur donnant un cadre au travers des API et des protocoles entre plateformes. Enfin, la norme XP Z12-014 formalise les cas d’usage métiers. Ensemble, elles forment un triptyque cohérent, garantissant que chaque flux respecte la même logique de bout en bout, sans retraitement ni ambiguïté.
En quoi ces normes changent-elles concrètement la vie des directions financières ?
Jusqu’à présent, on parlait surtout de « factures conformes ». Désormais, c’est la facture et sa donnée qui doivent être conformes. Cela signifie que les informations fiscales, comptables et métiers contenues dans la facture doivent être exactes, structurées et lisibles automatiquement. Cette fiabilisation réduit les erreurs, accélère les rapprochements et simplifie les contrôles de TVA. Les DAF peuvent enfin se concentrer sur l’analyse plutôt que sur la vérification.
Quel est le lien entre ces normes et le projet européen ViDA ?
Les normes Afnor sont alignées sur la norme européenne EN 16931 et compatibles avec les standards Peppol BIS Billing 3 vers lesquels convergent aussi les autres pays. Cela facilite la future interopérabilité entre pays dans le cadre du projet ViDA, qui vise à harmoniser les modèles d’e-invoicing au niveau européen. Autrement dit, ces normes positionnent les entreprises françaises favorablement dans la convergence européenne.
Comment Tessi accompagne-t-elle ses clients dans cette complexité normative ?
En tant qu’adhérent historique du FNFE-MPE et membre de la commission Facture électronique Afnor, nous avons très tôt pris en considération les éléments présents dans le triptyque Afnor. Ainsi, nous pouvons accompagner nos clients dans l’appréhension de ces normes, et nous avons aussi pu en tenir compte dans nos développements pour que DIGITAL INVOICE by Tessi puisse complètement répondre aux attentes de notre marché.
Au-delà de la conformité, nous aidons nos clients à valoriser la donnée : mise à jour des référentiels, optimisation des processus O2C/P2P, e-reporting pour pilotage… pour que celle-ci devienne un véritable levier de performance pour les directions financières.