Si les machines font partie intégrante du monde de l’entreprise depuis la révolution industrielle, l’ère du numérique, marquée par le développement de l’automatisation robotisée des processus (RPA) et de l’intelligence artificielle (IA,1), pose la question de la complémentarité et de l’interaction dans le milieu professionnel entre l’homme et des machines dotées de facultés de plus en plus «humaines».
Par Marie Durand-Gasselin, senior associate, et Philippe Danesi, associé, DLA Piper
Dans la première partie de cet article (publiée dans le numéro 1583), nous avons étudié l’impact de la diffusion de la robotisation et de l’intelligence artificielle sur les emplois et compétences des salariés, au sein de l’entreprise et plus particulièrement au sein de la fonction ressources humaines (RH). Mais au-delà de l’entreprise, elles permettent l’émergence d’un nouveau type de travailleurs, les travailleurs de plateformes, à qui l’on peine à appliquer les concepts traditionnels du droit du travail et qui pourraient entraîner à terme un recul du salariat au sein du marché de l’emploi.
L’IA et la robotisation, associées à la culture actuelle de l’immédiateté, favorisent l’émergence de plateformes de crowdworking auxquelles se connectent des travailleurs plus ou moins occasionnels selon un système de «travail à la carte». L’émergence de ces travailleurs de plateformes conduit à s’interroger sur la pertinence des concepts traditionnels de notre droit du travail dans le cadre de cette nouvelle économie digitale.
1. Emergence des travailleurs de plateformes
Le numérique a permis l’émergence de plateformes basées sur le «matching» instantané de l’offre et la demande, qui permettent la mise en relation instantanée de personnes ou entreprises ayant besoin d’une prestation de travail avec des personnes mettant leur force de travail à disposition de cette demande. Ces plateformes, se présentant comme simples agents intermédiaires entre une offre et une demande, ont construit leur business model sur le recours à des travailleurs non salariés, libres de choisir leurs horaires et volumes de travail, rémunérés directement par le client, ou par l’intermédiaire de la plateforme moyennant une commission.