Abonnés

Restructurations

Un créancier «high yield» peut-il bloquer une procédure de sauvegarde ?

Publié le 22 juillet 2016 à 12h30

Noam Ankri et David Chijner, DLA Piper

Même s’il est souvent critiqué à l’étranger dans un élan de «French bashing» général, notamment pour le sort qu’il réserve aux créanciers, le droit français des difficultés d’entreprises ne cesse de s’améliorer et de se perfectionner au fil des réformes législatives et de la jurisprudence, notamment dans sa façon de traiter les financements structurés internationaux, si importants au développement des sociétés françaises. Ces évolutions, qui doivent tendre vers une meilleure sécurisation juridique, ont parfois lieu au prix de longues batailles judiciaires, comme par exemple les affaires Belvédère (emprunts high yield), Cœur Défense (titrisation), Technicolor (titres subordonnés à durée indéterminée) ou encore Courtepaille (structure dite de «double Luxco»).

Par Noam Ankri, associé, et David Chijner, associé, DLA Piper

Tout particulièrement, le recours à la dette obligataire internationale, dite high yield, a été très populaire ces dernières années auprès des sociétés françaises, que ce soit pour financer leurs investissements industriels ou un LBO.

Or, une crise obligataire semble se dessiner en Europe1, comme en témoigne une baisse inquiétante de la liquidité de ces titres pendant cette première moitié de 20162.

La question se pose donc de savoir comment serait traitée cette dette en cas de procédure de sauvegarde en France (l’analyse valant aussi pour une procédure de redressement judiciaire).

1. Fonctionnement de l’emprunt high yield et de la sauvegarde

Le fonctionnement, complexe, d’un emprunt high yield se distingue par son caractère international. En effet, la société française emprunteuse (dite l’émetteur) va conclure un contrat de prêt (dit indenture) soumis à un droit étranger, généralement le droit de l’Etat de New York, prévoyant l’émission de titres obligataires représentatifs de l’emprunt (dits les notes).

Cette opération met en scène principalement quatre intervenants : l’émetteur, le trustee (qui gère en quelque sorte l’emprunt et sera l’interlocuteur direct de l’émetteur), le dépositaire (qui conserve physiquement les notes) et les bénéficiaires économiques (qui ont versé les fonds remis à l’émetteur et doivent en recevoir ultimement le remboursement). Il convient ici de préciser que ces bénéficiaires économiques, qui sont souvent un mélange de fonds de pension, de hedge funds et d’autres fonds de dette, ne détiennent que des participations indirectes dans l’emprunt (participations achetées et vendues sur le marché sous forme d’inscriptions en compte) et n’ont ainsi de relations juridiques directes qu’avec le trustee et le dépositaire, mais pas avec l’émetteur pour lequel ils demeurent souvent inconnus.

Le fonctionnement d’une procédure de sauvegarde permet à la société en...

Les dernières lettres professionnelles

Voir plus

Dernières nominations

Voir plus

Les dernières Lettres Professionnelles

Voir plus

Dans la même rubrique

Abonnés La structuration contractuelle des opérations de M&A : protéger, valoriser et partager les actifs immatériels

Dans le cadre des opérations de cession de titres ou d’actifs (opérations de M&A), les actifs...

Abonnés Apport-cession : du nouveau en 2026 ?

Dans le cadre des discussions sur le projet de loi de finances pour 2026, différents amendements ont...

Abonnés Départ vers le Royaume-Uni : tour d’horizon du nouveau régime de faveur « FIG »

A la suite de la suppression du régime fiscal de la remittance basis introduit dans la législation...

Voir plus

Chargement en cours...

Chargement…