Portée par la baisse du dollar, une croissance solide et le retour des flux internationaux, la dette émergente s’impose comme l’une des classes d’actifs obligataires les plus performantes de 2025. Après trois années de sorties massives, le rebond – inattendu par son ampleur – met en lumière la sous-exposition structurelle des investisseurs européens.
Il y a un peu plus d’un an, l’élection de Donald Trump semblait annoncer un nouveau cycle difficile pour les marchés émergents. Les hausses de droits de douane dévoilées au printemps dernier envers les compétiteurs des Etats-Unis avaient en effet brièvement ébranlé les devises émergentes, les chaînes d’approvisionnement et le sentiment des investisseurs déjà peu enclins à investir dans ces marchés. Pourtant, quelques mois plus tard, le contre-pied est total : les marchés émergents ont non seulement encaissé le choc, mais la dette émergente surperforme aujourd’hui la quasi-totalité des segments obligataires mondiaux. Elle affiche l’un de ses meilleurs millésimes depuis une décennie, même si des écarts de performance apparaissent entre segments. « Au 17 novembre, les obligations souveraines en monnaies locales (indice J.P. Morgan GBI-EM) avaient progressé de + 17,05 % depuis le début de l’année, les obligations souveraines en dollars de + 12,79 %, et les obligations d’entreprises émergentes libellées en dollars de + 7,95 % », détaille Thierry Larose, gérant de portefeuille dette locale émergente chez Vontobel.
La surperformance de la dette émergente en devises locales par rapport aux autres catégories est largement imputable à la dépréciation du dollar contre la majorité des devises. Selon une note d’Aberdeen rédigée par Leo Morawiecki, investment specialist en fixed income, et Robert Gilhooly, senior emerging markets economist, et publiée le 13 novembre 2025, les gains associés à l’appréciation des devises ont contribué à plus de six points de performance sur l’année.