Parole d’expert

S’exposer au secteur financier européen avec une volatilité réduite

Publié le 24 mai 2024 à 13h16

Axiom Alternative Investments    Temps de lecture 4 minutes

Entretien avec Antonio Roman, gérant spécialisé dans le secteur financier chez Axiom Alternative Investments.

Pourquoi avoir lancé un fonds long/short spécialisé dans le secteur financier européen ?

Jusqu’à récemment, les investisseurs ne s’intéressaient pas aux valeurs financières européennes. L’environnement de taux d’intérêt négatifs avait en effet impacté négativement leur rentabilité. Par ailleurs, les banques ont été fortement contraintes par la réglementation depuis 2008. Elles ont dû renforcer leur bilan, tout en se délestant des activités les plus risquées, comme l’investissement sur les matières premières ou encore le trading. Des métiers que seules quelques très grandes banques internationales exercent maintenant. Ces évolutions ont pesé sur leur cours de Bourse. Elles étaient ainsi fortement sous-valorisées. Mais depuis la hausse des taux d’intérêt engagée par la Banque centrale européenne (BCE) en 2022, les banques européennes bénéficient d’un momentum positif et cela d’autant plus que leurs fondamentaux se sont améliorés. Elles disposent maintenant d’une marge de solvabilité relativement confortable et ont amélioré leur modèle d’affaire. Notre fonds directionnel sur le secteur bancaire européen affiche ainsi une performance élevée depuis plusieurs années. Cependant, cette stratégie est soumise à une forte volatilité. Nous avons ainsi lancé un fonds long/short sur le secteur qui a vocation à réduire la volatilité associée à cette stratégie.

L’univers d’investissement est-il suffisamment large en Europe pour un fonds long/short ?

Un fonds long/short délivre de la performance si son univers d’investissement est volatil et s’il existe une grande dispersion entre les valeurs. C’est le cas du secteur financier. L’indice Stoxx 600 intègre environ 45 valeurs, et l’écart entre les meilleures et les moins bonnes est de 30 % sur la période 2011 à 2023. Cet écart est lié à l’existence d’un risque idiosyncratique. Par ailleurs, nous investissons aussi dans les compagnies d’assurances, les gérants d’actifs ou les services financiers et avons également la capacité d’intervenir sur des valeurs européennes en dehors de la zone euro. Le fonds est ainsi diversifié en termes de géographie et de taille de capitalisation. Notre univers d’investissement comprend environ une centaine de valeurs et notre fonds est très concentré sur une vingtaine de valeurs à l’achat.

Comment fonctionne concrètement ce fonds ?

Nous disposons d’une équipe de sept gérants/analystes qui couvrent le secteur financier et maîtrisons parfaitement le contexte réglementaire de ces acteurs qui est déterminant afin de comprendre leur business model. Nous analysons précisément les valeurs à partir d’un très grand nombre d’indicateurs afin de déterminer quelles seront les banques qui annonceront des résultats trimestriels supérieurs aux attentes et celles qui annonceront des résultats inférieurs. Nous couvrons le fonds en vendant essentiellement l’indice Stoxx 600 Banks, même s’il nous arrive de vendre à découvert des banques européennes individuellement lorsqu’une situation favorablement asymétrique se présente. Actuellement, nous sommes par exemple positifs sur les banques irlandaises et négatifs sur les banques des pays périphériques, mais nos positions évoluent très rapidement.

Quels seront les moteurs de performance dans un contexte où les taux d’intérêt devraient baisser ?

Tous les observateurs considèrent que même si les taux d’intérêt devaient baisser, cette réduction sera modérée et très progressive, ce qui ne devrait pas altérer le modèle économique des banques. Par ailleurs, la véritable question à se poser actuellement est celle des dividendes. Dans un contexte de croissance molle, une grande partie de la valeur actionnariale est créée par des rachats d’actions et/ou des versements de dividendes, or les banques ont dû suspendre leurs versements pendant la crise sanitaire et disposent d’un véritable trésor de guerre. En 2023, elles ont distribué pour 20 milliards d’euros, soit l’équivalent de ce qu’elles versaient avant la crise financière de 2008.

A qui s’adresse ce fonds ?

Il peut intéresser tous les types de clientèles professionnelles, en premier lieu les fonds de fonds et les distributeurs et, à terme, lorsque les encours auront grossi, les investisseurs institutionnels.

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