Dossier Export et Finance

La gestion de la supply chain, un enjeu stratégique à l’export

Publié le 16 juin 2022 à 12h06

Anne del Pozo    Temps de lecture 7 minutes

La succession actuelle de crises ainsi que les évolutions technologiques ont mis en exergue la nécessité pour les entreprises de repenser leur supply chain de manière à préserver leur niveau de liquidité d’une part, et leurs relations avec l’ensemble de leur écosystème financier d’autre part.

La crise Covid a durablement impacté le financement des chaînes de production. Face au risque d’illiquidité, tant pour les acheteurs que leurs fournisseurs, les Directeurs Financiers doivent désormais identifier et activer toutes les sources de liquidité possibles pour faire face à la volatilité croissante des financements et des supply chains, et ce en temps réel. Soit un saut opérationnel et digital majeur.

La gestion de trésorerie devient « temps réel »

En parallèle, l’instantanéité des paiements se démocratise, via notamment les technologies de paiement instantané. Demain, avec l’arrivée des CBDC (c’est-à-dire les cryptomonnaies émises par les banques centrales), les transactions pourront également être réalisées 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, au-delà des heures d’ouverture habituelles des marchés, ce qui jusqu’ici limitait les fenêtres de transactions. « La crise et l’évolution des technologies génèrent un besoin d’instantanéité dans la gestion de la trésorerie, constate Alex Lhéritier, global head working capital solutions chez Kyriba. Dans ce contexte, le rôle des trésoriers, les outils et les organisations changent.  Les trésoriers doivent développer une nouvelle capacité de gestion des flux financiers entrants et sortants en temps réel. Face à l’accélération de ces flux, ils vont également devoir automatiser leurs prises de décisions. Une évolution qui fait partie intégrante de la digitalisation de la fonction finance. »

Des supply chains fragilisées par les crises

De plus, les supply chains se sont, ces 50 dernières années, étendues et complexifiées. Les entreprises sont parties chercher des fournisseurs de plus en plus loin pour obtenir les meilleurs produits aux meilleurs prix, tout en diminuant leurs stocks pour améliorer leur bilan. De leur côté, les pays se sont spécialisés sur des secteurs ou domaines particuliers en fonction de leurs avantages compétitifs. « La Covid a mis en exergue les limites de ces approches, poursuit Alex Lhéritier. Dès lors qu’un pays arrête ses chaînes de production et que les moyens de transport se trouvent bloqués, c’est l’ensemble de la supply chain qui est affectée. Nombre d’entreprises ont donc “rerégionalisé” leurs supply chains, ce qui a parfois généré une dégradation du risque fournisseurs. Certaines supply chains sont ainsi devenues plus fragiles en termes de capacité, de liquidité et de rentabilité. »

Vers une digitalisation des interactions entre les entreprises et leur écosystème financier

Pour la fonction finance, tout l’enjeu consiste donc à prendre les meilleures décisions le plus rapidement possible, tout en soutenant les fournisseurs et en contrôlant le risque clients, afin de disposer de suffisamment de liquidités pour financer le BFR et le développement. La démarche est d’autant plus complexe à mener lorsque l’entreprise dispose de plusieurs banques, chacune ayant ses propres processus d’intéraction. « Pour les accompagner dans cette démarche, Kyriba propose de digitaliser les interactions entre les entreprises et l’ensemble de l’écosystème financier, à savoir leurs banques, leurs clients et leurs fournisseurs, afin qu’elles disposent d’un process unique, simple, rapide et automatique pour leurs flux financiers, poursuit Alex Lhéritier. Cette automatisation leur offre ainsi la possibilité de suivre et d’agir en temps réel. Elle répond par ailleurs à l’enjeu ESG des entreprises. Un enjeu sur lequel elles se penchent de plus en plus. »

Les enjeux ESG s’invitent dans la supply chain

Les entreprises subissent en effet de plus en plus de pressions de la part de leurs investisseurs et des régulateurs, et plus globalement de la part de leur écosystème, sur le sujet de l’ESG. Or, les deux tiers de leur empreinte carbone est généralement liée à leur supply chain et à leurs fournisseurs. D’autre part, la plupart de leurs fournisseurs étant des PME, ils ont moins d’accès à la liquidité auprès des banques, ce qui rend difficile le financement de leur propre transition ESG. « Les entreprises savent qu’elles doivent inciter leurs fournisseurs à engager leur transition ESG, mais elles ne peuvent pas leur prêter d’argent directement pour le faire, précise Alex Lhéritier. En revanche, une solution de Supply Chain Finance telle que celle de Kyriba peut les accompagner dans cette démarche. D’une part, elle permet aux fournisseurs d’être payés plus rapidement et ainsi de disposer des liquidités nécessaires à leur transition ESG. D’autre part, dès lors que nous embarquons des fournisseurs sur notre plateforme, nous pouvons collecter des données ESG les concernant. De cette manière, nous aidons les entreprises à implémenter leur politique ESG et à suivre les KPI qui leur sont liés. »

Kyriba met ainsi à la disposition des entreprises des solutions de Dynamic Discounting, de Supplier Financing et Receivables Finance sur une plateforme unique. « Nous aidons ainsi les CFO et les trésoriers à unifier leurs data et leur processus, et à améliorer leur profitabilité ainsi que leur liquidité », conclut Alex Lhéritier. 

Questions à Alex Lhéritier, global head working capital solutions chez Kyriba

Alex Lhéritier a pour mission de promouvoir les offres de la plateforme Kyriba, tournées vers l’optimisation du besoin en fonds de roulement et l’ESG, et d’accompagner l’évolution des directions financières vers l’enterprise liquidity management (ELM), une nouvelle approche de la gestion financière intégrée et centrée sur la liquidité.

Quels sont les atouts de la solution de Reverse Factoring de Kyriba ?

Le Reverse Factoring, ou Supplier Financing, permet de libérer du capital immobilisé en fonds de roulement. Cette solution alternative de financement permet aux acheteurs de négocier des délais de paiement parfois plus longs afin d’améliorer leur trésorerie disponible. Les partenaires financiers, les acheteurs et les fournisseurs collaborent ainsi sur le portail de Kyriba pour désigner et approuver les factures pour un paiement anticipé en toute transparence auprès de toutes les parties. Le coût du financement est calculé en fonction du risque crédit de l’acheteur, généralement meilleur que celui du fournisseur. Cette différence permet ainsi de réduire le coût de financement du fournisseur, tout en lui permettant d’être payé plus vite, via une avance bancaire.

Pouvez-vous nous présenter la solution Dynamic Discounting ?

Au travers de notre solution de Dynamic Discounting, les fournisseurs et les acheteurs collaborent directement sur le portail de Kyriba pour sélectionner et régler les factures approuvées préalablement par l’acheteur. En contrepartie de ce paiement anticipé, et sur les fonds de l’acheteur, le fournisseur consent un escompte sur le montant de la facture. Les programmes d’escompte pour paiement anticipé permettent aux acheteurs de générer de hauts rendements sur la trésorerie, de réduire leurs coûts d’approvisionnement, et ainsi d’augmenter leur EBE. Par exemple, un taux d’escompte de 2 % sur une facture avec 60 jours de délais de paiement offre un retour sur investissement de 12 % sur la liquidité investie. D’autre part, au travers de la solution Dynamic Discounting de Kyriba, le fournisseur peut demander à n’importe quel moment une avance, pour répondre au mieux à ses propres besoins de trésorerie. Le taux d’escompte est alors calculé en fonction du jour auquel il touche cette liquidité. Cette solution permet de disposer de cash rapidement, en quelques clics.

En quoi ces deux solutions sont-elles complémentaires ?

Pour les acheteurs, les avantages de l’affacturage inversé et du Dynamic Discounting sont un peu différents. Les deux programmes permettent une amélioration de la visibilité et de la prévisibilité de la trésorerie, une réduction des frais opérationnels de gestion des fournisseurs et une amélioration des relations avec les fournisseurs. L’affacturage inversé permet également d’augmenter le flux de trésorerie disponible, alors que le dynamic discounting peut augmenter significativement le rendement sans risque sur les investissements monétaires à court terme et améliorer la marge brute. En fonction des cycles de trésorerie de l’acheteur, ces deux solutions peuvent être utilisées séparémment ou de manière alternative par nos clients. Leur utilisation peut également être automatisée. L’objectif ultime est d’améliorer la liquidité et ainsi la résilience de la supply chain. 

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