Dossier Export et Finance

L’export, levier du développement des entreprises

Publié le 16 juin 2022 à 11h34

Anne del Pozo    Temps de lecture 8 minutes

Malgré le contexte actuel de crises et l’impact sur leur stratégie, les PME françaises continuent de se développer à l’international. Une stratégie portée par leur volonté de renforcer leur compétitivité, et qui nécessite souvent le recours à des experts et un soutien financier.

Selon le deuxième baromètre de l’export Capital Export-OpinionWay réalisé en mars 2022, les PME françaises progressent de 10 points à l’international. 51 % des entreprises interrogées dans le cadre de cette étude sont ainsi exportatrices contre 41 % en 2021, soit 24 % d’entreprises supplémentaires. Elles réalisent 18 % de leur chiffre d’affaires à l’export (+ 6 points par rapport à l’année dernière), soit une progression de 50 % de leur chiffre d’affaires international par rapport à l’an dernier. D’autre part, malgré le contexte géopolitique, l’optimisme des chefs d’entreprises reste à un niveau très élevé, puisque 94 % sont confiantes dans l’avenir de leur entreprise (– 3 points seulement en un an), et ce malgré la crise ukrainienne.

La crise ukrainienne impacte les exportations

En mars dernier, 63 % des dirigeants d’entreprises estimaient ainsi que leur activité était peu impactée par les effets de la guerre. « Ces données sont en ligne avec ce que nous constatons chez nos participations, précise Jean-Mathieu Sahy, président de Capital Export. De facto, les effets directs de la guerre en Ukraine devraient rester limités à terme. En revanche, les effets de bord se font déjà sentir : forte hausse des coûts énergétiques et des matières premières. A cela devraient s’ajouter, dans les prochains mois, les conséquences des confinements stricts des grands pôles économiques chinois. Deux facteurs négatifs qui touchent toutes les entreprises, que leur activité soit fortement ou faiblement internationalisée. » Dans ce contexte, seul un dirigeant sur trois considère que la période actuelle est propice à l’internationalisation. De fait, 40 % des entreprises déjà présentes à l’international souhaitent s’y renforcer, contre 60 % l’an dernier ; 57 % préfèrent pour le moment stabiliser leur niveau actuel d’activité international (+ 18 points). « Les chefs d’entreprise ne doivent surtout pas céder à la tentation du repli domestique, ajoute Jean-Mathieu Sahy. L’international est un facteur discriminant de qualité globale et de potentiel commercial à long terme pour toute une entreprise. En outre, si la crise en Ukraine dégénérait, l’élargissement des débouchés commerciaux hors du marché français (3 % du marché mondial seulement) est un des principaux facteurs de résilience. D’autant plus que l’international joue un rôle fondamental dans le tissu économique des territoires français car il crée notamment de l’emploi de manière pérenne. »

Les stratégies internationales évoluent

Au-delà de ces impacts, la succession de la crise Covid et de la guerre en Ukraine a remodelé les stratégies de développement à l’international. En général, les entreprises présentes sur le marché international s’appuient soit sur un partenaire, soit sur une filiale. Si les entreprises exportatrices citent toujours en première intention le recours à un distributeur, à un revendeur ou à un agent (50 %), ces canaux enregistrent un recul de 13 points par rapport à l’an dernier. A l’inverse, la création d’une filiale commerciale, qui permet un ancrage local beaucoup plus fort et la récupération des marges des distributeurs, progresse de 7 points (30 %). « Il s’agit d’une évolution très positive qui confirme l’intérêt d’une présence directe », estime Jean-Mathieu Sahy.

Le recours à des experts est indispensable

Dans le cadre de leur stratégie à l’international, les dirigeants d’entreprises sont également plus sensibles aux bénéfices concrets qu’un accompagnement local efficace procure, et plébiscitent les experts (61 % des sondés contre 48 % en 2021) ou les relais locaux dans les pays visés (62 % contre 53 % en 2021). Pour ces dirigeants, les soutiens les plus légitimes en la matière sont alors les Chambres de commerce et d’industrie pour 62 %, les fédérations professionnelles, à égalité avec les conseils habituels de l’entreprise (experts-comptables, avocats) pour 35 % et, enfin, les entreprises de conseil pour 33 %. « Cette analyse met en perspective plusieurs facteurs clés du développement à l’international des entreprises françaises : le recours à des experts, un soutien renforcé sur le plan financier et administratif et, globalement, un meilleur accompagnement des projets, conclut Jean-Mathieu Sahy. Autant de missions dans lesquelles Capital Export s’implique activement depuis plus de 10 ans. » 

Questions à Jean-Mathieu Sahy, président, fondateur de Capital Export

Jean Mathieu Sahy est président, fondateur de Capital Export. Diplômé de l’EM Lyon, Jean-Mathieu Sahy a débuté sa carrière dans le domaine des fusions-acquisitions avant de se consacrer au capital-investissement. Il a fondé en 2010 Capital Export pour accompagner des sociétés qui expriment des savoir-faire distinctifs, en leur apportant des capitaux (7 à 15 millions d’euros par opération) pour engager ou accélérer leur expansion internationale, et des appuis opérationnels dans leur stratégie internationale. Fort de 300 millions d’euros sous gestion, Capital Export compte 16 entreprises en portefeuille.

Quels sont les enjeux des entreprises exportatrices ?

Pour être compétitives et conquérantes à l’international, les entreprises doivent construire ou renforcer leurs offres par l’innovation. Nous avons la chance d’avoir un tropisme technique très fort chez les chefs d’entreprises français. A contrario, le développement commercial et international est souvent placé au second plan. Il faut donc aider ces entreprises à éclore ou à se renforcer à l’export. La France fait partie des quatre « marques » de référence dans le monde, et pourtant elle se situe au 5e rang européen en nombre de PME exportatrices. Le potentiel et le statut international des offres des PME françaises sont indéniables. Pour réussir de manière plus rapide et rentable, et aider les PME à changer de dimension internationale, nous avons forgé une conviction forte, à savoir se polariser sur les trois marchés clés : Allemagne, Etats-Unis et Chine, par développement commercial direct et par acquisitions. Ce trio représente près de la moitié du marché mondial total et un potentiel 15 fois supérieur à celui du marché français. Les entreprises que nous accompagnons enregistrent une progression de 83 % de leur activité internationale, qui se traduit par une progression d’effectif domestique de près de 25 %.

Comment Capital Export accompagne-t-elle les entreprises exportatrices ?

Notre actualité est au cœur de cette problématique : Capital Export lève son troisième fonds dédié à l’accompagnement des PME qui ambitionnent de changer de dimension à l’international. Capital Export a en effet pour vocation d’accompagner des entreprises industrielles ou de services professionnels (B2B) innovantes, disposant de savoir-faire techniques ou technologiques distinctifs, qui bénéficient de potentialités de développement de long terme, et souhaitent engager ou accélérer leur expansion internationale. Nous investissons exclusivement dans le cadre d’opérations patrimoniales ou de transmissions aux cadres-clés de l’entreprise ou à des dirigeants extérieurs, en position majoritaire ou minoritaire. Nous sommes structurés pour accompagner les différentes phases stratégiques, et actionnariales le cas échéant, d’entreprises qui jouissent de vecteurs durables de développement. Les fonds investis, généralement compris entre 7 et 15 millions d’euros, peuvent comprendre des réinvestissements dans le cadre de projets stratégiques structurants, notamment les opérations de croissance externe.

Quels sont les retours des entreprises que vous accompagnez ?

Depuis 10 ans, nos succès valident la pertinence de notre thèse d’investissement. Notre expérience, d’ailleurs, le démontre : les entreprises qui s’ouvrent à l’international bénéficient de gisements commerciaux très larges. D’autre part, nous constatons au quotidien que l’international est un marqueur pour évaluer la qualité globale d’une entreprise. Ainsi, nos entreprises en portefeuille ont connu une progression de 19 % à périmètre constant de leur chiffre d’affaires en 2020, pendant l’année Covid, avec un taux moyen de 40 % d’activité internationale. Nous entendons par ailleurs développer la culture de l’export au sein des PME françaises et sommes très largement implantés dans les territoires. L’international joue en effet un rôle majeur dans le tissu économique français et crée de l’emploi en France, contribuant à l’intérêt général et à la richesse nationale. En termes financiers, nous dégageons un multiple moyen sur investissement sensiblement supérieur à 3×. Ces performances conjuguées à notre action « pro-international » au service des PME régionales séduisent de nombreux institutionnels (caisses de retraite, institutions de prévoyance, Banques) mais aussi de grandes familles françaises, des dirigeants de grands groupes français et de nombreux chefs d’entreprise. 

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