La donnée est au cœur des enjeux stratégiques de transformation des Directions Financières et Fiscales. Les récentes réformes réglementaires et une forte instabilité politique et économique ont contribué à provoquer un phénomène d’accélération du positionnement des entreprises face à ces défis. La digitalisation, propulsée principalement par l’intelligence artificielle (IA), représente également un phénomène de « disruption » fort au sein des organisations.
Le pilier 2, la facturation électronique (réforme EIR « Electronic Invoicing & Reporting » ), la guerre des droits de douane et bientôt le Country By Country Reporting (CBCR) public sont autant d’exemples qui illustrent ce Big Bang qui nécessite de revisiter les modèles traditionnels et de remettre à plat un certain nombre de process clés et de règles de gouvernance de la donnée au sein de l’entreprise.
Dans ce contexte, on s’aperçoit que les rôles du Directeur Financier et du Directeur Fiscal ont considérablement évolué au cours de ces dernières années. Historiquement centrés sur la conformité et les reportings financiers et fiscaux, ils assument désormais un rôle plus proche des métiers, d’une part, et sont devenus, d’autre part, des partenaires privilégiés des Comités de Direction pour mieux déployer les priorités stratégiques de l’entreprise dans leurs domaines en faisant preuve à la fois de transversalité, d’anticipation et d’agilité.
Sans grande surprise, l’étude DFCG-PwC sur « les priorités 2026 des Directions Financières » publiée mi-novembre 2025 confirme ces tendances et met en exergue, que pour faire face à un environnement devenu plus imprévisible, les Directeurs Financiers misent sur des modèles de pilotage de la performance plus précis et plus souples. En second lieu, ils accordent une grande importance à l’anticipation des besoins de financement afin de maintenir la capacité d’investissement de leurs entreprises grâce à une gestion optimale de leur trésorerie.
Enfin, l’efficacité des processus et de leur organisation entre pour 2026 dans le top 3 de leurs priorités tout en intégrant le fait de tirer parti des nouvelles technologies via des processus structurés et stabilisés. Autant de priorités qui consacrent la data comme l’un des enjeux centraux et stratégiques pour l’entreprise.
Les feuilles de route ou « roadmaps » des Directions Financières et Fiscales devront à cet égard en pratique être de plus en plus alignées. Le principal enjeu consistera donc à ce que les objectifs fiscaux soient suffisamment pris en compte en amont de manière intégrée dans la mise en œuvre des grands projets de transformation de l’entreprise.
Par ailleurs, les administrations fiscales qui sont un autre acteur clé de l’écosystème des Directions Fiscales ont également pris un fort virage technologique et investissent aussi significativement en France et à l’étranger sur le contrôle de la data.
Ces administrations ont recours de plus en plus aux techniques de « datamining » et la Direction Générale des Finances Publiques (DGFIP) a d’ailleurs, récemment rappelé dans son rapport d’activité que, pour l’année 2024, la détection de la fraude par l’IA est à l’origine de 50 % des contrôles fiscaux. Cela conduit assez naturellement les Directions Fiscales à une exigence accrue en matière de qualité de la data et à une maîtrise renforcée de celle-ci dans la perspective notamment d’anticiper la gestion des futurs contrôles fiscaux ainsi que l’exposition de leurs groupes dans un contexte de transparence accrue.
La révolution observée autour de la data est clairement lancée et ce mouvement de fond ne s’inversera pas. Il doit être en réalité perçu comme une formidable opportunité pour les Directions Fiscales de se positionner plus que jamais comme un business partner et un acteur clé du changement, vecteur de sécurité, générateur de valeur et d’une performance durable pour leurs entreprises.
